Je vous souhaite à tous une excellente nouvelle année, et vous remercie à l’avance pour votre soutien renouvelé.
Voici enfin venue l’année des Jeux Olympiques de Tokyo. Notre journal, à l’instar de l’Asahi Shimbun, du Mainichi Shimbun et du Nikkei Shimbun, est un partenaire officiel du Comité Olympique Japonais (JOC) et à ce titre, prévoit une couverture détaillée des compétitions ainsi que la publication d’articles de fond ou d’éditions spéciales lorsqu’un athlète japonais remporte une médaille. Pour ce qui est de l’aspect publicitaire, des placements dans nos journaux et éditions spéciales sont attendus de la part des sponsors officiels nationaux et internationaux, laissant espérer une certaine performance économique.
Mais à l’heure actuelle, la pénétration accélérée des média numériques dans le secteur de la presse entraîne une baisse quasi mondiale des tirages et du chiffre d’affaires publicitaire, tendance qui ne devrait pas s’enrayer cette année. Les revenus publicitaires des journaux étaient jusqu’à maintenant un des piliers économiques des maisons de presse occidentales, mais la transition du média papier au média numérique et, dans le domaine publicitaire numérique, la mainmise des grandes plateformes comme Google ou Facebook sur le marché, poussent le secteur à effectuer une mue d’un modèle économique à forte dépendance envers les revenus publicitaires à un modèle reposant sur les abonnements, soit des revenus d’achat des éditions numériques permettant des rentrées stables. Par contre, le marché des éditions numériques (frais d’abonnement et prix unitaire des annonces) étant nettement plus restreint que celui des journaux, et une transition brutale vers le numérique comportant des risques, les journaux explorent des modes de passage en douceur vers le numérique limitant au maximum les pertes financières, par le biais de rachats et de fusions par les grands du numérique ou les conglomérats médiatiques.
En France aussi, la baisse des tirages et des revenus publicitaires ainsi que le passage aux éditions numériques devraient s’accentuer. Mais la presse française perçoit des subventions de la part du gouvernement et la plupart des journaux ont des tirages inférieurs à 300 000 exemplaires, soit une taille relativement réduite qui facilite une transition douce vers le numérique.
La presse écrite japonaise a en revanche des particularités qui la distinguent du reste du monde. Là où les journaux occidentaux ne tirent qu’à quelques centaines de milliers d’exemplaires, le Yomiuri Shimbun a un tirage de 8 millions, l’Asahi Shimbun 6 millions, et le Mainichi Shimbun 3 millions, soit une toute autre échelle, qui complique le passage de ces gros tirages à l’édition numérique. Le modèle économique de l’abonnement est une tendance récente dans les pays occidentaux mais est enraciné depuis longtemps au Japon, où il représente 70 à 80% des revenus des maisons de presse et où les réseaux de livraison nationaux sont un actif important, d’où un conflit d’intérêt avec le numérique, qui lui ne nécessite ni points de vente ni livreurs.
Quand bien même les journaux accepteraient la baisse des achats et des rentrées publicitaires comme faisant partie de l’air du temps et se concentreraient sur les contenus numériques, cela ne suffirait pas à compenser la baisse de leurs revenus actuels, rendant indispensables de nouvelles sources de revenus. Cette année devrait être celle du développement de nouvelles activités économiques non conventionnelles jusqu’à présent : la publicité native, qui repose sur la crédibilité journalistique et mise sur la communication narrative, l’évènementiel, notamment les expositions artistiques ou conférences d’affaires ou encore les activités capitalisant sur les infrastructures comme les réseaux de livraison ou l’immobilier.
Taizo Abe
Yomiuri Shimbun, siège de Tokyo
Bureau de Paris, section publicitaire
